Biographie succincte

Pierre Verrier naît le 13 octobre 1922 à Vesoul. Il passe son enfance dans le cadre de la paroisse Saint-Georges entre les cérémonies solennelles et le service de Messe dans les diverses communautés religieuses de la ville ou pour son curé, Mgr Louis Saunier (1852-1937), qualifié lors de ses obsèques de « prêtre modèle » par Mgr Dubourg. C’est là que naît, dès le plus jeune âge, sa vocation sacerdotale. Après le cursus de Philosophie au séminaire de Faverney, il entre au Grand Séminaire de Besançon à l’automne 1945. Ordonné prêtre le 2 avril 1949 par Mgr Dubourg, il est nommé le 15 octobre suivant à l’aumônerie de l’Institution Notre-Dame du Mont à Franois (Doubs).

Après cette situation de transition, l’abbé Verrier est envoyé comme vicaire-économe à Vallerois-le-Bois (70) le 27 septembre 1950, paroisse dont il devient ensuite curé. Le 1er avril 1961 il est nommé curé d’Aboncourt-Gésincourt et vicaire économe de Fouchécourt, villages haut-saônois de respectivement 141 et 170 habitants à cette époque. Lors de la cérémonie de prise de possession, le Chanoine Chabod, archiprêtre de Vesoul, souligne « ses grandes qualités de prêtres : sa profonde piété, son amour ardent de Dieu et des âmes, son zèle pour ceux qui lui sont confiés ». Mais, après seulement trois années de ministère et suite à un contentieux avec un groupe d’Action catholique irrespectueux de sa juridiction, il est nommé le 25 mai 1964, à sa demande, à la cure de Monjustin, petite paroisse située non loin de Vallerois-le-Bois.

Dès les années 1965-1966, il s’inquiète de pratiques liturgiques nouvelles, souvent non-autorisées (comme la communion dans la main, ou l’utilisation de la langue vernaculaire), et d’un affaiblissement de la piété de nombreux prêtres qui délaissent la récitation du Bréviaire, ou encore, le culte des reliques des saints qu’ils relèguent dans les greniers. Il fait part de cette inquiétude au nouvel évêque, Mgr Lallier, qui prétend le comprendre mais ne prend aucune mesure. Quand arrive la nouvelle messe issue des commissions mises en place après le concile Vatican II (1962-1965), il refuse de se plier à cette réforme qu’il dénonce comme contraire à la tradition liturgique de l’Église et à l’esprit sacerdotal, suivant en cela le Bref examen critique du Novus Ordo Missæ présenté à Paul VI par les cardinaux Ottaviani et Bacci en 1969. Il reçoit alors des menaces de la part de certains membres de l’Action catholique soutenus par un vicaire général du diocèse, et finit par se retirer pour prendre du repos le 5 novembre 1970, sans toutefois donner sa démission comme curé de Montjustin.

Il s’établit alors à Vesoul où sa profonde connaissance de l’histoire locale et du patrimoine religieux lui permettent d’assumer une partie du secrétariat de la société d’agriculture, lettres, sciences et arts de la Haute-Saône (SALSA) et de la commission départementale des monuments historiques. En l’absence de ministère pastoral il fait de fréquents séjours à l’Abbaye Notre-Dame de Fontgombault (Indre) où il rencontre le chanoine Étienne Catta († 1974), professeur à la faculté de théologie d’Angers et fondateur de l’Opus Sacerdotale, association sacerdotale. En outre, il assiste les moines de Fontgombault dans certains ministères pastoraux dont ils devaient s’acquitter. C’est également dans cette abbaye qu’il fait la connaissance des scouts de Suresnes dont il devient l’aumônier jusqu’en 1974, date à laquelle il rejoint la Fraternité de la Transfiguration (Mérigny, Indre), fondée par l’abbé Lecareux en 1970, et dont l’apostolat échappait au contrôle de l’évêque de Bourges. Entre 1978 et 1980, suite à des problèmes de santé, il se retire à Saint-Michel-en-Brenne (Indre), à la maison-mère des religieuses de la Fraternité Saint-Pie X.

Revenu en Franche-Comté, il acquiert le 9 juillet 1982 l’ancienne ferme de l’abbaye de Faverney (70) située à quelque distance de ce village au lieu-dit Bethléem et y fonde le prieuré Notre-Dame de Bethléem, reprenant le vœu de Mgr Dubois, archevêque de Besançon, de voir renaître la vie bénédictine à Faverney. Oblat bénédictin de l’abbaye de Solesmes depuis 1966, sous le nom de frère Valbert-Marie, il situe sa fondation dans l’esprit de la Congrégation de France. À partir de 1983, il n’est plus répertorié dans l’annuaire diocésain de Besançon, alors même qu’il n’a jamais reçu de sanction canonique. Le 9 avril 1989, la nouvelle chapelle est bénite par Mgr Marcel Lefebvre († 1991). Mais les évêques que celui-ci a consacrés en 1988 tendent peu à peu à imposer une juridiction ecclésiale dont ils sont de fait dépourvus, et le Père Verrier prend ses distances vis-à-vis d’eux en 2002. Il adopte alors la Thèse de Cassiciacum connue par le moyen de la revue Sodalitium éditée par l’Institut Mater Boni Consilii, fondé en 1985 par d’anciens membres de la Fraternité Saint-Pie X. Par cette thèse théologique, Mgr Michel-Louis Guérard des Lauriers, O.P. († 1988), ancien enseignant à l’Université Pontificale du Latran et au Saulchoir en France, ne remet pas en cause l’élection des papes (papauté matérielle) depuis Paul VI, mais démontre que ceux-ci n’ont pas reçu du Christ l’Autorité pontificale (ne sont pas Papes formellement), pour la raison que, ne poursuivant pas le bien objectif de l’Église et enseignant l’erreur et l’hérésie, ils posent un obstacle à la réception de cette Autorité.

Après une vie bien remplie au service de Dieu et des âmes, notre cher Père Verrier rend son âme à Dieu le 7 juin 2011. Nous retenons son profond esprit de Foi, son amour de l’Église et du Saint-Siège, son admirable piété et son esprit liturgique, son extraordinaire dévotion envers la Très Sainte Vierge Marie, et les saintes reliques. Il était un Père bon, patient, miséricordieux, et ferme sur les principes, avec une connaissance profonde de la Règle de Saint Benoît et de sa spiritualité équilibrée.

Quelques paroles du P. Verrier

Aujourd’hui soyons dans la joie, car le ciel s’ouvre et nous montre combien nous devons travailler à nous sanctifier, pour pouvoir un jour participer à ce bonheur du ciel. C’est là le but de cette vie : nous n’en avons pas d’autre ! Nous ne sommes pas ici pour jouir des plaisirs de la vie. Au contraire, nous sommes mis sur la terre pour pouvoir nous sanctifier, pour pouvoir un jour participer au bonheur du ciel.
Toussaint 2005

Être Pasteur, ce n’est pas seulement diriger et commander, c’est surtout protéger et se dévouer. C’est se faire tout à tous. C’est en un mot aimer ses brebis, car aimer c’est se donner. Oui, mes frères, vous m’êtes devenus tous chers. Tous sans distinction, riches ou pauvres, pratiquants ou non-pratiquants. Je ne veux pas que l’on puisse dire que je suis le curé d’une catégorie de personnes, mais au contraire je veux être le curé de tous, parce que tous vous m’avez été confiés par Dieu et par la Sainte Église.
Sermon d’installation à Vallerois-le-Bois

Ne l’oublions jamais, nous ne sommes pas faits pour la terre, mais pour le ciel, c’est le but de la vie présente. C’est donc là que j’ai mission de vous conduire tous, par le Christ, pour le Christ.
Sermon d’installation à Montjustin

Nous assistons à la déchristianisation de nos paroisses, et cela est parfois cause d’une si grande souffrance morale, et même physique, que, si le Seigneur n’était pas là, on pourrait mourir de chagrin. Mais ce n’est pas en se laïcisant, en suivant l’esprit du monde que nous rechristianiserons nos paroisses mais en vivant le sacerdoce tel que le Christ l’a voulu.
Lettre à l'Archevêque de Besançon, 1969

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