Annonce du Martyrologe Romain

En ce jour que le Seigneur a fait, la solennité des solennités et notre Pâque : la Résurrection de Notre Sauveur Jésus-Christ selon la chair.
Il est ressuscité : Il vous l’avait bien dit !

Il a détruit notre mort...

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Se purifier du vieux levain (1 Cor 5, 7-8) :
commentaire de Dom Paul Delatte

1 Cor 5, 7-8 — Purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, comme aussi vous êtes des azymes; car notre Pâque, le Christ, a été immolé. Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain ni avec un levain de malice et de perversité, mais avec les azymes de la pureté et de la vérité.

La Pâque des chrétiens coïncidait alors comme date avec celle des Juifs. Un détail du rituel juif s’offrait de lui-même à la pensée de saint Paul pour appuyer et illustrer sa réprimande. Lorsque les Juifs avaient, sous la pression de l’Ange exterminateur, obtenu de sortir de l’Égypte, leur départ avait été si précipité, qu’ils n’emportèrent avec eux, comme vivres de voyage, qu’une pâte qu’ils n’eurent pas le loisir de faire fermenter ; tant l’Égypte, effrayée, mettait d’empressement à les congédier. Et c’est en souvenir de ce détail que la loi relative à l’Agneau Pascal (Ex 12, 15 et 19 ; Ex 13, 7), prescrivait qu’il fût mangé avec du pain azyme, et que durant les sept jours de fête pascale il ne se trouvât dans les maisons d’Israël aucun atome de pain fermenté.

L’enseignement de l’Apôtre se base tout entier sur cette circonstance liturgique. Certains chrétiens gardent quelque chose de leurs dispositions humaines et charnelles ; que ne renoncent-ils à ce vieux levain de l’Égypte, eux qui sont baptisés et ont traversé les eaux qui engloutirent leurs ennemis ? Que ne consentent-ils à devenir une pâte toute nouvelle, toute pure, sans aucun mélange d’un élément étranger, comme l’implique leur création qui les a renouvelés dans le Christ ? Car notre Agneau Pascal, l’Agneau de Dieu, le Christ a été immolé ; pour les chrétiens la fête pascale est de toute la vie. Nous la devons célébrer toujours, et, comme il convient à une fête pascale dont l’ancienne n’était qu’un symbole, non avec l’ancien levain, avec les dispositions troubles et grossières de l’homme adamique, avec le levain de la malice et de la perversité première, mais avec l’azyme de la pureté parfaite et de l’unité avec le Seigneur.

La Résurrection du Sauveur (Mc 16, 1-7) :
commentaire littéral de Dom Delatte

Les saintes femmes observèrent pieusement le repos sabbatique ; mais le lendemain, premier jour après le sabbat, premier jour de la semaine nouvelle, elles vinrent au tombeau, dès avant l’aurore, avec les parfums qu’elles avaient achetés, se proposant de les répandre sur le corps du Seigneur. C’étaient Marie de Magdala, l’autre Marie, mère de Jacques, Salomé, Jeanne, femme de Chusa, et d’autres encore (Lc 24, 10). Saint Marc et saint Luc en nomment trois, saint Matthieu deux, tandis que saint Jean, nous le verrons, ne s’occupe que de Marie-Madeleine. Il est bon d’avertir dès maintenant que pour tout ce qui concerne les apparitions du Seigneur ressuscité, aucun des évangélistes, non plus que saint Paul, au chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens, n’a eu le souci d’être complet. Chacun dispose son récit selon le but qu’il poursuit en écrivant, sans doute aussi selon l’étendue des informations dont il dispose. Harmoniser ces différents textes pour en composer une histoire suivie est pour nous besogne en partie conjecturale. Nulle opposition, d’ailleurs, entre les évangélistes ; tout lecteur attentif reconnaîtra que leurs écrits se complètent l’un l’autre et ne s’excluent point. L’impression d’ensemble est au contraire qu’une tradition très ferme, touchant les derniers faits de la vie du Seigneur, était en possession dès l’origine de l’Église, et que nul événement historique ne se présente avec des garanties plus hautes que la Résurrection du Fils de Dieu, la base, selon l’Apôtre, de tout le christianisme.

Parties de Jérusalem de très bon matin, les saintes femmes arrivèrent près du tombeau au soleil levant : l’aube est brève à Jérusalem ; il pouvait être six heures environ. Pendant le trajet, elles se disaient entre elles : « Qui roulera pour nous la pierre hors de la porte du tombeau ? » Mais elles marchaient quand même, n’obéissant qu’à leur amour. Elles n’ont point de souci des gardes ; car cette précaution des pharisiens a été prise à leur insu. Le récit de saint Marc est très vivant et très précis, Celui de saint Matthieu pourrait faire croire, de prime abord, que les saintes femmes arrivèrent juste à point pour assister aux phénomènes qui accompagnèrent la Résurrection ; mais il doit être interprété en tenant compte des procédés littéraires habituels au premier évangéliste. Saint Matthieu veut simplement nous apprendre l’état des personnes et des choses lorsque parurent Madeleine et ses compagnes. Au lever du jour, le Seigneur était ressuscité d’entre les morts ; il était sorti invisiblement du tombeau. Une grande secousse avait ébranlé la région du sépulcre. L’ange du Seigneur, descendant du ciel, avait fait rouler la pierre qui fermait l’entrée, et s’était assis dessus. Son visage brillait comme l’éclair et son vêtement était blanc comme la neige. À sa vue, les gardes avaient tremblé d’épouvante et, terrifiés, avaient pris la fuite.

Les saintes femmes, en approchant, constatent que la pierre, qui était très lourde, avait été roulée à côté de la porte. Elles entrent dans la chambre sépulcrale, pensant y trouver le corps du Seigneur Jésus. Un instant, elles cherchent, avec anxiété. Soudain, elles aperçoivent, assis à droite, un jeune homme, vêtu d’une robe resplendissante. (Saint Luc met en scène deux anges, comme saint Jean, 19, 12.) Éblouies, saisies de stupeur, les femmes baissent les yeux et n’osent regarder. Mais l’ange les rassure ; l’effroi n’est aujourd’hui que pour les ennemis de Dieu. « Ne craignez point, vous, leur dit-il. Je sais que vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié. Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant? Il n’est pas ici : il est ressuscité. Voyez la place où on l’avait déposé. Souvenez-vous de ce qu’il vous a dit jadis en Galilée : Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains d’hommes pécheurs, qu’il soit crucifié et ressuscite le troisième jour. (Mt 17, 21-22; Mt 20, 18-19; Mc 9, 30; Lc 9, 44.) Allez promptement annoncer à ses disciples et à Pierre qu’il est ressuscité des morts, et qu’il vous précède en Galilée : c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a prédit » (Mt 26, 32 ; Mc 14, 28).

L’ange s’accréditait auprès des saintes femmes en leur parlant de la sorte ; il se montrait familier à ce qui concernait le Seigneur, bien renseigné sur les instructions qu’il avait laissées aux apôtres. Sa parole était lumineuse et simple. Pourtant, les femmes ne parviennent pas sur-le-champ à dominer leur émotion ; elles sortent aussitôt du tombeau, dit saint Marc, tremblantes et hors d’elles-mêmes ; elles ne disent rien aux personnes amies qu’elles rencontrent sur la route: car elles ont peur. Mais les déclarations angéliques s’étaient gravées dans leurs âmes ; elles y cheminaient peu à peu, substituant à la terreur une grande joie. Les prédictions du Seigneur leur revenaient à la mémoire et s’éclairaient à la lumière des événements. En hâte, elles s’acquittèrent de leur message auprès des disciples.

La Résurrection du Sauveur (Mc 16, 1-7) :
commentaire mystique de Saint Grégoire le Grand

Vous venez d’entendre lire, mes très chers frères, que les saintes femmes qui avaient suivi le Seigneur, vinrent au tombeau avec des parfums, ayant ainsi, dans leur zèle plein d’humanité, des égards, même après sa mort, pour celui qu’elles avaient aimé vivant. Or, l’action qu’elles accomplirent nous signale quelque chose qui doit se pratiquer dans la sainte Église. Il est donc nécessaire d’écouter le récit de ce qu’elles ont fait, afin de méditer sur ce que nous avons à faire à leur imitation. Nous aussi qui croyons en celui qui est mort, nous viendrons véritablement avec des parfums à son tombeau, si, embaumés de l’odeur des vertus, nous cherchons le Seigneur avec la recommandation des bonnes œuvres. Ces femmes qui voient les Anges, ce sont celles qui sont venues avec des aromates, car les âmes qui voient les habitants de la cité céleste, ce sont celles qui se dirigent vers le Seigneur par de saints désirs et avec le parfum des vertus.

Il faut remarquer de plus pourquoi l’Ange fut aperçu assis à droite. Que signifie la gauche, sinon la vie présente ? Que désigne la droite, sinon la vie éternelle ? De là vient qu’il est écrit dans le Cantique des cantiques : « Sa main gauche est sous ma tête et sa main droite m’embrassera. » Comme notre Rédempteur avait déjà dépassé la vie présente qui est corruptible, c’est avec raison que l’Ange ayant mission d’annoncer son entrée dans la vie éternelle, se montrait assis à droite. Il apparut couvert d’une robe blanche, parce qu’il venait proclamer la joie de notre grande fête. La blancheur de son vêtement exprime en effet la splendeur de notre solennité. L’appellerons-nous nôtre ou sienne ? Disons mieux : cette solennité est sienne et elle est nôtre. Car si la résurrection de notre Rédempteur a été notre bonheur, en ce qu’elle nous a ramenés à l’immortalité ; elle a fait aussi la joie des Anges, puisque, en nous rappelant au Ciel, elle complète leur nombre.

Dans cette fête dont l’allégresse est commune et à lui et à nous, l’Ange apparut donc avec des vêtements blancs, parce que la résurrection du Seigneur, en nous rouvrant l’entrée du Ciel, réparait les pertes éprouvées par la patrie céleste. Mais écoutons ce que l’Ange dit aux femmes qui arrivent au sépulcre. « Ne craignez point. » C’est comme s’il leur disait ouvertement : Qu’ils craignent, ceux qui n’aiment pas l’arrivée des habitants du Ciel ; qu’ils soient effrayés ceux qui, tout, appesantis par les désirs charnels, désespèrent de pouvoir parvenir à jouir de la société de ces esprits bienheureux. Mais pourquoi craindre, vous qui, dans les Anges, reconnaissez déjà vos concitoyens ? C’est pour cela que saint Matthieu, décrivant aussi l’arrivée de l’Ange, nous dit : « Son visage était comme un éclair, et son vêtement comme la neige. » L’éclair, il est vrai, inspire la terreur ; mais la blancheur de la neige suggère de douces pensées.

Prières

Oraison

Ô Dieu, qui avez en ce jour, par la victoire de votre Fils unique sur la mort, ouvert pour nous l’entrée de l’éternité : secondez de votre secours les vœux que vous nous inspirez, en nous prévenant au moyen de votre grâce.

Oratio

Deus, qui hodiérna die per Unigénitum tuum æternitátis nobis áditum, devícta morte, reserásti : vota nostra, quæ præveniéndo aspíras, étiam adiuvándo proséquere. Per eúndem Dóminum.

Prière de Conrad Boppert (1750-1811)

Salut, salut au très glorieux Jésus ! Mille fois salut au Rédempteur du genre humain ! Ah ! Que ne puis-je cent fois en un moment crier : Alleluia, Alleluia, Alleluia ! Louez Dieu, toutes les nations et tous les peuples ; louez Dieu, tous les anges ; louez Dieu, toutes les créatures ! Jésus, le Sauveur Jésus est ressuscité. Ô Jésus, qui sortez ainsi du sépulcre le troisième jour après votre Passion, où est donc la pâleur de votre front ? Où la trace des fouets ? Où les déchirures des épines ? Où la lividité de tout votre corps ? En un instant la splendeur de la gloire céleste a changé tout cela. vous voilà tout éclatant, ô mon Dieu, comme le soleil du matin quand il jaillit de la nue. Vous n’avez gardé sur votre corps que les cinq cicatrices de la Croix, comme un souvenir éternel de votre étonnante Charité. Oh ! Qu’elles sont belles, ces blessures sur votre corps glorieux ! Très-douces blessures, très-délicieux stigmates de l’Amour crucifié, que ne puis-je vous couvrir de mes baisers, vous inonder de mes larmes ! Ô Jésus, éternel soleil, qui recréez tout, échauffez tout et réjouissez tout ; qui, sortant du tombeau où vous avez vaincu la mort dont l’homme était l’auteur, nous avez ramené la vie, faites, je vous en supplie, que, véritablement ressuscités avec vous, nous ne fassions plus jamais les œuvres des ténèbres et que nous restions pour toujours dans le sein de votre charité, vivant dans la piété, dans la justice et dans la tempérance : en sorte qu’à la résurrection des morts, lorsque vous serez manifesté devant tous les hommes, ô notre Vie, nous ayons, nous aussi, notre manifestation dans la gloire ! Ainsi soit-il.

Antiennes

Ã. Ángelus autem Dómini descéndit de cælo, et accédens revólvit lápidem, et sedébat super eum, allelúia, allelúia.

Ã. Un Ange du Seigneur descendit du ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus, alleluia, alleluia.

Antienne grégorienne “Angelus autem Domini”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Ã. Et ecce terræmótus factus est magnus : Angelus enim Dómini descéndit de cælo, allelúia.

Ã. Et voilà qu’un tremblement de terre très grand se produisit : car un Ange du Seigneur descendit du ciel, alleluia.

Antienne grégorienne “Et ecce terræmotus”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Ã. Erat enim aspéctus eius sicut fulgur, vestiménta eius cándida sicut nix, allelúia.

Ã. Car il avait l’aspect d’un éclair, et ses vêtements étaient purs comme la neige, alleluia.

Antienne grégorienne “Erat enim”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Ã. Præ timóre autem eius extérriti sunt custódes, et facti sunt velut mórtui, allelúia.

Ã. Par crainte de lui les gardes furent épouvantés, et ils devinrent comme morts, alléluia.

Antienne grégorienne “Præ timore”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Ã. Respóndens autem Angelus, dixit muliéribus : Nolíte timére : scio enim quod Iesum quǽritis, allelúia.

Ã. Et l’Ange répondant dit aux femmes : ne craignez point : je sais que vous cherchez Jésus, alleluia.

Antienne grégorienne “Respondens”

par R. P. Joseph-Marie Mercier