Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?
Saint Paul

Le miracle de la Pentecôte (Act 2, 1-13) :
commentaire de Dom Delatte
On était arrivé à la solennité de la Pentecôte, fête des semaines ou des moissons (Dt 16, 9), qui se célébrait cinquante jours après l’offrande faite à Dieu des prémices de la moisson de l’année (Lv 23, 15). Il s’était écoulé cinquante jours (pentecostes), une semaine de semaines, depuis que le Seigneur était sorti du tombeau, prémice de la grande moisson des ressuscites (1 Cor 15, 23). Tous les disciples étaient réunis avec les apôtres autour de Notre-Dame, au Cénacle, lorsque soudain s’éleva un grand bruit comme d’un vent puissant qui, venant du ciel, secoua la maison où ils étaient assemblés.
C’était un second Sinaï et la promulgation d’une loi nouvelle en ce même jour où, selon la tradition, avait été donnée, autrefois, la loi ancienne. Seulement, au lieu d’être gravée sur des tables de pierre, l’Esprit de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui présidait à la naissance de l’Église, gravait aujourd’hui la loi nouvelle sur le marbre vivant des cœurs chrétiens.
Il apparut aux disciples réunis, sous la forme de langues de feu qui se reposèrent sur la tête de chacun d’eux. Ainsi s’accomplissait la promesse du Seigneur : « vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint dans peu de jours. »
L’Esprit de Dieu leur fut donné pour achever l’éducation surnaturelle commencée par le Seigneur, pour les éclairer et les soutenir dans leur office apostolique et pour animer de son souffle l’Église naissante, le corps mystique du second Adam. C’était dans l’effusion de l’Esprit de Dieu et par le don des langues que se restituait l’unité primitive de l’humanité bri-sée au jour de la dispersion de Babel. Même ce don des langues devait survivre aux apôtres, nous en trouvons le témoignage dans saint Irénée (Adv. hæreses, V, VI, 1), dans Tertullien (Adv. Marcionem, V, 8) et les Constitutions Apostoliques (VIII, 1).
La fête de la Pentecôte était l’une des trois époques où la loi mosaïque invitait les Juifs à se rendre à Jérusalem. (Ex 23, 16 ; 34, 22-23 ; Lv 23, 15-22 ; Nm 28, 26-31 ; Dt 16, 9-12). Ce n’était pas seulement les habitants de la ville sainte, mais avec eux les pèlerins sans nombre, venus de tous les points du monde, que le Seigneur avait convoqués comme témoins du miracle : il suffit, en effet, pour vérifier l’expression universelle dont se sert le texte sacré, de reconnaître aux versets 9, 10, 11 de ce même chapitre, la variété des régions qui fournirent à saint Pierre ses premiers auditeurs.
Ce qui surprend et amène autour du Cénacle cette foule mêlée de Juifs et de prosélytes, ce n’est pas, nous semble-t-il, la rumeur qui se répand, moins encore la parole miraculeuse et charismatique des disciples, mais bien plutôt « le souffle puissant » qui a secoué le Cénacle et ému la curiosité de tous. Des abords du Temple où l’avait groupée la fête de la Pentecôte, et des diverses portions de la ville, la foule se réunit et se porte autour des cent vingt disciples visités par l’Esprit de Dieu. Grande surprise : les disciples sont en majorité des Galiléens, gens réputés sans culture ; et voici qu’ils parlent et enseignent. Premier sujet d’étonnement. Un second, c’est qu’ils sont entendus par la variété de leurs nombreux auditeurs. Comment expliquer, se demande-t-on après les avoir entendus, que nous les comprenions, chacun dans notre langue maternelle ou familière ? Car ils sont venus de partout ; toutes les régions du monde ici se coudoient : la Parthie, la Médie, l’Assyrie voisine du Golfe Persique, la Mésopotamie, la Judée ; l’Asie Mineure et ses provinces, la Cappadoce et le Pont, l’Asie Proconsulaire, c’est-à-dire la portion la plus centrale et la plus occidentale de l’Asie Mineure, la Phrygie et la Pamphylie au sud. Après les pays de l’Asie Mineure viennent l’Égypte, la Libye, l’Afrique voisine de Cyrène ; enfin les pèlerins venus de Rome, Juifs de naissance, ou prosélytes, ceux venus de l’île de Crète et de l’Arabie, qui ignoraient l’araméen, mais qui étaient assurés de trouver, parmi les nombreuses synagogues de Jérusalem, une synagogue de leur langue, un centre religieux et familier où ils seraient accueillis.
Il semble que le premier mouvement des apôtres et des disciples ne fut pas de parler aux hommes, mais de s’adresser à Dieu et de chanter ses louanges. La prière à haute voix fut ainsi la première prédication de l’Église ; la vie surnaturelle nouvelle naquit dans la liturgie sainte des psaumes, des cantiques ; les louanges de Dieu entourèrent son berceau : « nous les entendons parler en nos langues des merveilles de Dieu. »
Devant ce spectacle, l’émotion de la foule se traduit diversement : les uns étonnés, remués, se demandent, au souvenir peut-être de tout ce qui s’était passé cinquante jours auparavant : « Qu’est-ce que veut dire tout ceci ? » Les autres demeurent sceptiques et moqueurs : « Ce sont des gens ivres: sans doute ils ont bu trop de vin doux ! »

Prières

Oraison

Dieu, qui avez instruit en ce jour les cœurs des fidèles par la lumière du Saint-Esprit : donnez-nous, par le même Esprit, de goûter ce qui est bien ; et de jouir sans cesse de la consolation dont il est la source. Par Notre-Seigneur … en l’unité du même Esprit.

Oratio

Deus, qui hodiérna die corda fidélium Sancti Spíritus illustratióne docuísti : da nobis in eódem Spíritu recta sápere ; et de eius semper consolatióne gaudére. Per Dóminum . . . in unitáte eiúsdem Spíritus.

Oraison

Seigneur, que l’infusion de l’Esprit-Saint purifie nos cœurs et qu’elle les féconde en les pénétrant de sa rosée.

Oratio

Sancti Spíritus, Dómine, corda nostra mundet infúsio : et sui roris íntima aspersióne fecúndet.

Élévation de Sainte Marie-Madeleine de Pazzi (1566-1607)

Ah ! Verbe éternel, dites-moi, je vous prie, qu’elle est la cause qui empêche le Saint-Esprit d’accomplir dans l’âme son œuvre tout entière ? Vous me dites que le premier empêchement est la malice ; un autre, la volonté personnelle de ceux qui veulent vous servir, mais à leur façon. Nous voulons bien votre Esprit, mais de la manière qui nous plaît, et par là même, nous nous rendons incapables de le recevoir. D’autres fois, cet empêchement est la tiédeur : il nous semble que nous vous servons, alors que nous ne nous rendons pas compte que nous ne servons que nous-mêmes. Mais vous, ô Seigneur, voulez être servi sans amour-propre, avec sincérité et humilité. Ainsi, votre Esprit ne se repose qu’en l’âme qui se trouve plongée dans l’humilité. Mais hélas ! Verbe très aimant, je voudrais savoir ce qu’il me faut faire contre ces empêchements, car à quoi me servirait-il de les avoir compris, si je n’en connaissais le remède ? Voici, le remède à la malice est l’intention droite et simple ; le remède à la volonté personnelle est de ne vouloir que ce que vous voulez. Le remède à la tiédeur est l’ardeur de la charité qui, semblable au feu, descend dans les cœurs et brûle toute tiédeur.

Prière de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716)

Venez, Père des lumières,
Venez Dieu de charité,
Formez en moi mes prières,
Montrez-moi la vérité,

Faites descendre en mon âme
Un charbon de votre feu
Qui la pénètre de flamme
Et la remplisse de Dieu.

Venez Saint-Esprit, qui faites
Les martyrs, les confesseurs,
Les apôtres, les prophètes,
Les grands héros, les grands cœurs.

C’est votre seule conduite
Que mon Sauveur a suivie ;
Afin donc que je l’imite,
Conduisez-moi comme lui.

Antienne

Ã. Dum compleréntur dies Pentecóstes, erant omnes páriter dicéntes : allelúia.

Ã. Quand furent accomplis les jours de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble disant : alleluia.

Antienne grégorienne “Dum complerentur”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Antienne Dum complerentur