Le mystère de la Sainte Trinité
sur l’épître du jour (Rm 11, 33-36)
La splendeur des desseins providentiels a jeté dans l’éblouissement l’intelligence de l’Apôtre, et s’élevant au-dessus de tous les bruits du créé, il se borne à prier : Ô profondeur de la richesse, de la sagesse, et de la science de Dieu : de la sagesse qui ordonne toutes choses à la fin suprême ; de la science qui connaît dans leur détail tous les êtres ordonnés à cette fin ; de la richesse des ressources divines pour amener tous les êtres à cette fin. Seule, la pensée de Dieu peut mesurer le programme de Dieu. Combien l’homme est incompétent dans ces questions ! Combien il y a pour lui de présomptueuse témérité à vouloir pénétrer les jugements de Dieu qui sont mystère, et juger les voies de Dieu qui sont impénétrables ! « Qui est-ce, demande Isaïe (40, 13), qui a mesuré la pensée de Dieu et son programme éternel ? » Y a-t-il quelqu’un, Juif ou Gentil, avec qui Dieu ait du se concerter, et qui puisse nous dire ce qui s’est passé dans le conseil de Dieu ? Ou bien (cf. Iob 41, 3), existe-t-il quelqu’un qui ait des droits sur Dieu, qui lui ait donné le premier, de telle sorte que Dieu lui soit débiteur ? Est-ce que tout n’est point gracieux, et pure miséricorde ? Est-ce que dès lors toute contestation avec lui n’est pas irrecevable ? Tout est de Dieu, et c’est à lui que tout puise son être premier ; tout est fait par Dieu et partant justifié en soi ; tout est pour Dieu et se termine à lui comme fin : tout ce qui est n’a d’autre raison que de le manifester et de conduire à lui l’être intelligent : Dieu est donc au commencement, au centre, et à la fin de tout : À lui seul gloire aux siècles des siècles. Amen. Et si l’homme se glorifie, qu’il se glorifie en Dieu !
par Saint Fulgence de Ruspe (462-527)
Si en effet le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient une seule et même personne comme ils sont une seule et même substance, il n’y aurait plus lieu à professer une trinité véritable. Pareillement il y aurait trinité, mais cette trinité ne serait plus un seul Dieu, si le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient séparés entre eux par la diversité de leurs natures, comme ils sont distincts par leurs propriétés personnelles. Mais comme il est véritable que cet unique vrai Dieu par sa nature non seulement est un, mais qu’il est Trinité, ce vrai Dieu est Trinité dans les personnes et un dans l’unité de la nature.
Par cette unité de nature, le Père est tout entier dans le Fils et le Saint-Esprit ; le Fils tout entier dans le Père et le Saint-Esprit ; le Saint-Esprit tout entier dans le Père et dans le Fils. Aucune de ces trois personnes ne subsiste séparée et comme en dehors des deux autres, car il n’en est aucune qui précède les autres en éternité, ou qui les dépasse en grandeur, ou qui les surpasse en puissance. Le Père, en ce qui touche à l’unité de la nature divine, n’est ni plus ancien, ni plus grand que le Fils et que l’Esprit-Saint ; de même, l’éternité et l’immensité du Fils ne peut non plus, par la nécessité de la nature divine, surpasser l’éternité et l’immensité du Saint-Esprit.
Prières
Oraison
Dieu tout-puissant et éternel, vous avez donné à vos serviteurs, dans la confession de la vraie foi, de reconnaître la gloire de l’éternelle Trinité, et d’adorer une parfaite Unité en votre majesté souveraine : faites, nous vous en prions, qu’affermis par cette même foi, nous soyons constamment munis contre toutes les adversités.
Oratio
Omnípotens sempitérne Deus, qui dedísti fámulis tuis in confessióne veræ fídei, ætérnæ Trinitátis glóriam agnóscere, et in poténtia maiestátis adoráre Unitátem : quæsumus ; ut, eiúsdem fídei firmitáte, ab ómnibus semper muniámur advérsis. Per Dóminum nostrum.
Oraison
Dieu, vous êtes la force de ceux qui espèrent en vous, soyez propice à nos demandes : et puisque la faiblesse de l’homme ne peut rien sans vous, donnez-nous le secours de votre grâce ; afin que fidèles à observer vos commandements, nous puissions vous plaire de volonté et d’action.
Oratio
Deus, in te sperántium fortitúdo, adésto propítius invocatiónibus nostris : et, quia sine te nihil potest mortális infírmitas, præsta auxílium grátiæ tuæ ; ut, in exsequéndis mandátis tuis, et voluntáte tibi et actióne placeámus. Per Dóminum.
Prière de Saint Augustin (354-430)
Seigneur notre Dieu, nous croyons en vous, Père, Fils et Saint-Esprit. La Vérité n’aurait pas dit : « Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Mt 28, 19 ) », si vous n’étiez pas Trinité. D’autre part, la voix divine n’aurait pas dit : « Écoute, Israël : le Seigneur ton Dieu est un Dieu un (Dt 6, 4 ) », si, en même temps que Trinité, vous n’étiez un seul Seigneur Dieu. Et si vous, Dieu le Père, étiez tout à la fois Dieu le Père, et le Fils votre Verbe Jésus-Christ et votre Don le Saint-Esprit, nous ne lirions pas dans les lettres de vérité : « Dieu a envoyé son Fils (Gal 4, 4 ; Io 3, 17 )» ; et vous, ô Fils unique, vous n’auriez pas dit du Saint-Esprit : « Celui que le Père enverra en mon nom (Io 14, 26 ) » , et encore : « Celui que je vous enverrai du Père (Io 15, 26 ) ».
Dirigeant mon intention sur cette règle de foi, je vous ai cherché, autant que je l’ai pu ; autant que vous m’avez donné de le pouvoir, j’ai désiré voir des yeux de l’intelligence, ce que je croyais ; j’ai pris bien de la peine, Seigneur mon Dieu, mon unique espérance, exaucez-moi ; ne souffrez pas que la langueur m’empêche de vous chercher ; faites au contraire que je cherche toujours votre présence avec ardeur (Ps 104, 4 ). Donnez-moi la force de vous chercher, vous qui m’avez fait vous trouver et m’avez donné l’espoir de vous trouver de plus en plus.
Devant vous est ma force et ma faiblesse ; conservez l’une, guérissez l’autre. Devant vous est ma science et mon ignorance ; là où vous m’avez ouvert la porte, laissez-moi entrer, là où vous me l’avez fermée, ouvrez-moi quand je frappe ; que je me souvienne de vous, que je vous comprenne, que je vous aime. Augmentez en moi ces deux choses, jusqu’à ce que vous m’ayez réformé en entier. Ainsi soit-il.
Symbole “Quicumque”, dit “de Saint Athanase”
Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique, et celui qui ne l’aura pas gardée entière et sans atteinte périra certainement pour l’éternité.
Or la foi catholique consiste à révérer un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l’Unité, sans confondre les Personnes ni diviser la substance.
Car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint Esprit.
Mais le Père, le Fils et le Saint-Esprit ont une même divinité, une gloire égale, une même éternelle majesté.
Comme est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit.
Le Père est incréé, le Fils est incréé, le Saint-Esprit est incréé. Le Père est infini, le Fils est infini, le Saint-Esprit est infini. Le Père est éternel, le Fils est éternel, le Saint-Esprit est éternel.
Cependant ils ne sont pas trois éternels, mais UN seul Éternel. Ils ne sont pas non plus trois incréés, ni trois infinis, mais UN seul incréé et UN seul infini.
De même, le Père est tout-puissant, le Fils est tout-puissant, le Saint-Esprit est tout-puissant. Cependant, ils ne sont pas trois Tout-puissants, mais UN seul Tout-puissant.
Ainsi, le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu. Cependant ils ne sont pas trois dieux, mais UN seul Dieu.
Ainsi, le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint-Esprit est Seigneur.
Cependant ils ne sont pas trois Seigneurs, mais UN seul Seigneur.
Car de même que la vérité chrétienne nous oblige à confesser que chacune des trois Personnes est Dieu et Seigneur, de même la religion catholique nous défend de dire qu’il y a trois Dieux ou trois Seigneurs.
Le Père n’a été fait par personne, Il n’est ni créé, ni engendré. Le Fils vient du Père seul : Il n’est ni fait, ni créé, mais engendré.
Le Saint-Esprit vient du Père et du Fils, Il n’est ni fait ni créé, ni engendré, mais Il procède de l’un et de l’autre.
Il y a donc un seul Père et non trois Pères ; un seul Fils, et non trois Fils ; un seul Saint-Esprit, et non trois Saints Esprits.
Et dans cette Trinité, il n’y a ni avant ni après, ni plus grand ni plus petit ; mais les trois Personnes sont toutes trois co-éternelles et égales entre elles.
Si bien qu’en toutes choses, comme on l’a déjà dit, on doit révérer l’Unité en la Trinité, et la Trinité en l’Unité.
Celui donc qui veut être sauvé doit penser ainsi de la Sainte Trinité.
Mais il est nécessaire encore pour le salut éternel qu’il croie fidèlement en l’Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ.
Or la foi droite consiste à croire et à confesser que notre Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, est Dieu et homme.
Il est Dieu, étant engendré de la substance de son Père avant les siècles, et il est homme, étant né de la substance d’une mère dans le temps.
Dieu parfait et homme parfait, subsistant dans une âme raisonnable et un corps humain. Egal au Père selon la divinité, moindre que le Père selon l’humanité.
Bien qu’il soit Dieu et homme, il n’est cependant qu’un seul Christ, et non deux.
Son unité ne vient pas d’un changement de sa divinité en humanité, mais de l’union de son humanité à la divinité.
Il est parfaitement un, sans mélange des natures, mais dans l’unité de sa personne.
Car de même que l’âme raisonnable et la chair est un seul homme, ainsi Dieu et l’homme est un seul Christ.
C’est Lui qui a souffert pour notre salut, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant et, de là, viendra juger les vivants et les morts.
À son avènement, tous les hommes ressusciteront avec leurs corps et rendront compte de leurs actions personnelles. Et ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle ; et ceux qui auront fait le mal iront dans le feu éternel.
Telle est la foi catholique. Celui qui n’a pas cette foi ferme et sincère ne saurait être sauvé.
Antienne
Ã. Grátias tibi Deus, grátias tibi, vera una Trínitas, una et trina véritas, trina et una únitas.
Ã. Grâces à vous, ô Dieu, grâces à vous, vraie et une Trinité, une et trine vérité, trine et une unité.