Note sur le jeûne et l’abstinence

La loi ecclésiastique du jeûne oblige tous les fidèles, non excusés ou dispensés, qui ont entre 21 et 60 ans. La loi de l’abstinence de viande oblige dès l’âge de 7 ans.
Le jeûne consiste à faire un seul repas par jour, mais deux petites collations, que les théologiens limitent à 60 grammes le matin et 250 grammes le soir, sont tolérées. Pendant le Carême, on doit jeûner tous les jours sauf les dimanches, et on doit s’abstenir de viande le mercredi des Cendres (14 février 2024), le mercredi des Quatre-Temps (21 février 2024), et tous les vendredis et samedis.

Certains espèrent en Dieu, mais leur espérance est vaine, attendu qu’ils se flattent de cette espérance en sa miséricorde infinie, pour ne point se corriger de leurs défauts.
Saint Bernard

Guérison du serviteur du centurion (Mt 8, 5-13) :
commentaire de Dom Delatte

Le Seigneur est à Capharnaüm où va avoir lieu la guérison du serviteur du centurion. Il règne entre le récit de saint Luc et celui de saint Matthieu des divergences de détail qui peuvent être facilement ramenées à l’unité. Dans saint Matthieu, il semble que ce soit le centurion qui se présente personnellement, et une seule fois ; le récit de saint Luc, l’évangéliste de la gentilité, est plus précis, plus circonstancié, et nous montre l’officier n’osant s’adresser au Seigneur que par intermédiaire, et à deux reprises. Le récit de saint Matthieu est abrégé et réduit à ce qui peut mettre en lumière la foi admirable de cet homme. Car de songer qu’il y eut deux miracles analogues nous semble une solution peu plausible. Le centurion est probablement un païen, non un prosélyte. Il sait que les Juifs considèrent comme une souillure d’entrer chez un gentil ; c’est parce qu’il a conscience de sa situation d’étranger et de profane, et à raison aussi de son humilité et de sa discrétion, qu’il dira : Domine, non sum dignus ut intres. Pourtant son âme est bienveillante, si elle n’est pas encore ralliée au judaïsme. Il a entendu parler de Jésus et appris son arrivée à Capharnaüm ; et pour obtenir le soulagement d’un serviteur très aimé, il envoie au-devant du Seigneur quelques anciens de la synagogue pour le prier de venir au secours du moribond. Ils sont chargés de dire en son nom : « Seigneur, mon serviteur est alité chez moi, paralytique, et en proie à de cruelles tortures ». Arrivés auprès de Jésus, les messagers lui présentent la requête, et avec insistance : « Il mérite bien, ajoutent-ils, que vous lui accordiez cela ; car il aime notre nation, et c’est lui qui nous a bâti la synagogue. » — « J’irai, répond le Seigneur, et je le guérirai. » Et il se met en route avec les anciens.

Mais tandis qu’il approchait de la maison, le centurion, chez qui la foi et l’humilité avaient triomphé de l’anxiété première, envoya des amis lui dire : « Seigneur, ne vous donnez pas cette peine, car je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit. C’est pour cela aussi que je ne me suis pas cru digne d’aller moi-même vers vous, mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. » Il écarte l’honneur que Jésus lui veut rendre, et confesse sa toute-puissance : Seigneur, vous êtes souverain, vous pouvez tout ce que vous voulez ; il n’est pas besoin de votre présence réelle ni de votre contact pour que toutes choses s’accomplissent à votre gré. Voyez, moi, je ne suis qu’un pauvre homme, n’ayant qu’un pouvoir limité, et j’ai des supérieurs au-dessus de moi. Pourtant, je suis obéi de ceux qui sont à moi. Aux soldats qui me sont soumis, je donne des ordres : Allez ! dis-je à celui-ci, et il va ; venez ! dis-je à l’autre, et il vient ; et à mon serviteur : faites cela, et il le fait. — Tout le raisonnement demeure inachevé, mais c’est parce que la conclusion a devancé l’argument lui-même : une parole de vous, et mon serviteur sera guéri. Quel exemple pour la Synagogue ! Elle doutait, elle s’inquiétait, elle dressait des pièges : et des gentils, des pécheurs méprisés par les rabbins les devançaient dans la foi !

En entendant les paroles de ce soldat, le Seigneur eut un mouvement d’admiration. Prenons ceci comme un fait, comme une émotion réelle chez le Fils de l’homme, mais sans conclure à une surprise ni à une ignorance antérieure. Il y a lieu à admiration quand la chose est admirable, qu’elle ait été antérieurement connue ou non. Et nous-mêmes, qui avons lu cent fois le récit évangélique, n’admirons-nous pas encore l’attitude du centurion ? La Synagogue et la masse des Juifs n’avaient pas accoutumé le Seigneur à une telle plénitude de foi ; et le mouvement joyeux du Seigneur ne vient que de la nouveauté du fait, de son caractère exceptionnel. Se retournant vers la foule qui le suivait, il dit : « En vérité, je vous le déclare, je n’ai pas trouvé en Israël une foi aussi grande. » L’occasion s’offrait pour le Seigneur d’introduire la question de la vocation des gentils. Saint Matthieu a recueilli avec soin des paroles qui réalisaient la prophétie d’Isaïe (44, 6; 49, 12) et de Malachie (1, 11), saint Luc les citera plus loin (13, 29). À l’exemple de saint Jean-Baptiste (Mt 3, 9-10), Jésus rappelle aux Juifs qu’il ne suffit plus, pour appartenir au vrai peuple de Dieu, de se réclamer de la descendance et du sang d’Abraham. Un grand nombre, leur dit-il avec assurance, viendront de l’Orient et de l’Occident, des régions les plus opposées et les plus lointaines ; ils prendront place au festin du Royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob, avec les élus de la souche bénie ; tandis que seront rejetés dans les ténèbres, hors de la maison, hors du Royaume, là où il n’y a que pleurs et grincements de dents, les fils du Royaume : c’est-à-dire ceux qui y semblaient prédestinés soit par la Providence divine, qui avait veillé spécialement sur eux, soit par la lignée à laquelle ils appartenaient, soit enfin par la longue préparation qui les acheminait vers le Christ. Et afin de montrer comment sa miséricorde se répand sur tous ; afin de renseigner une fois encore la Synagogue et les anciens qui sont venus eux-mêmes solliciter le miracle, le Seigneur mande au centurion : « Allez, qu’il advienne pour vous selon votre foi. » Les envoyés s’en retournèrent à la maison, et constatèrent que le serviteur malade avait été guéri à l’heure même où Jésus l’avait annoncé.

Prières

Oraison

Ô Dieu, que le péché offense et que la pénitence apaise, ayez égard dans votre clémence aux prières de votre peuple suppliant, et daignez détourner les fléaux de votre colère, que nous avons mérités pour nos péchés.

Oratio

Deus, qui culpa offénderis, pæniténtia placáris : preces pópuli tui supplicántis propítius réspice ; et flagélla tuæ iracúndiæ, quæ pro peccátis nostris merémur, avérte. Per Dóminum.

Oraison

Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple, en sorte qu’après avoir été châtié par de justes afflictions, il respire par l’effet de votre miséricorde.

Oratio

Parce, Dómine, parce populo tuo : ut, dignis flagellatiónibus castigátus, in tua miseratióne respíret. Per Dóminum.

Prière de Sainte Angèle de Foligno (1248-1309)

Ô céleste Médecin qui procurez le Salut éternel, ô Seigneur, ô Maître, ô mon Dieu qui avez promis de me guérir de toutes mes maladies et infirmités sur le seul aveu repentant que je dois vous en faire, je confesse que j’ai péché par tous les membres de mon corps, par toutes les puissances et toutes les forces de mon âme ; que je suis très infirme ; que tout en moi est infect et corrompu, et que ma grande misère appelle votre miséricorde. Seigneur et miséricordieux Médecin, guérissez-moi.

Antienne

Ã. Dómine,non sum dignus, ut intres sub tectum meum : sed tantum dic verbo, et sanábitur puer meus.
Ã. Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; mais dites seulement un mot, et mon serviteur sera guéri.

Antienne grégorienne “Domine non sum dignus”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Antienne Domine non sum dignus