Note sur le jeûne et l’abstinence

La loi ecclésiastique du jeûne oblige tous les fidèles, non excusés ou dispensés, qui ont entre 21 et 60 ans. La loi de l’abstinence de viande oblige dès l’âge de 7 ans.
Le jeûne consiste à faire un seul repas par jour, mais deux petites collations, que les théologiens limitent à 60 grammes le matin et 250 grammes le soir, sont tolérées. Pendant le Carême, on doit jeûner tous les jours sauf les dimanches, et on doit s’abstenir de viande le mercredi des Cendres (14 février 2024), le mercredi des Quatre-Temps (21 février 2024), et tous les vendredis et samedis.

Plus nous sommes compliqués, plus nous sommes éloignés de Dieu ; dans la mesure au contraire où nous deviendrons simples, nous pourrons nous approcher de lui.
Un chartreux

Le paralytique de Béthesda (Io 5, 1-18) :
commentaire de Dom Delatte
« Après cela, eut lieu la fête des Juifs et Jésus monta à Jérusalem. » Un grand nombre de manuscrits, et plusieurs d’une autorité considérable, spécifient qu’il s’agit de la fête de Pâque, qui était proprement « la fête ». C’est l’interprétation de saint Irénée. Ceux qui ne lisent pas l’article grec proposent ordinairement la fête des Sorts ou des Purim et ne donnent au ministère du Seigneur qu’une durée de deux ans et demi. Si notre interprétation est fondée, saint Jean vient donc de passer sous silence trois mois environ de la prédication du Seigneur en Galilée. « Après cela » n’est qu’une formule indéterminée.
À l’heure où écrivait saint Jean, Jérusalem était détruite, le temple consumé par les flammes ; mais l’évangéliste parle néanmoins de la scène du miracle telle qu’il l’a connue, comme si elle existait encore ; il lit dans son souvenir. Il y avait, vers le nord-est du temple, une porte dite Probatique, ou porte des troupeaux (cf. Ne 3, 1 et 31 ; 12, 38). C’est par elle qu’étaient introduits les animaux offerts en sacrifice. La piscine Probatique était sans doute voisine de la porte de même nom ; mais elle portait aussi en hébreu le nom de Béthesda : la maison de miséricorde. Cinq portiques ou cloîtres l’entouraient, formant un vaste sanatorium couvert, où gisait une foule de malades : aveugles, boiteux, paralytiques, attendant le bouillonnement de l’eau dans la piscine. Ce phénomène, souvent observé dans les eaux thermales, vient de la richesse d’une source profonde ; mais ici, l’échappement était intermittent et ne se produisait que de loin en loin, sous l’influence d’un ange. Et ce qui nous montre que le phénomène de Béthesda était d’origine miraculeuse, c’est le fait que le premier malade descendu dans l’eau était seul guéri, et délivré de son infirmité, quelle qu’elle fût.
Or, il y avait là un homme atteint de paralysie depuis trente-huit ans. Le verset 14 nous laisse entendre que sa maladie était plus qu’une épreuve ; elle était un châtiment. Jésus le vit, et, renseigné sur la longue durée de son mal, lui demanda : « Voulez-vous guérir ? » Rappelons-nous que le Seigneur ne faisait pas de demi-miracles, et que son action bienfaisante prétendait à atteindre l’âme et le corps, l’âme d’abord. Le vis sanus fieri, qui, à première vue, semble presque naïf, cesse de l’être si le Seigneur en appelle aux dispositions secrètes de l’âme, ou s’il témoigne ainsi offrir son aide au paralytique pour épier l’heure du mouvement de l’eau dans la piscine. La réponse de l’infirme est découragée. Ah ! la santé, il en voudrait bien : mais il n’a personne, ni ami, ni serviteur, qui, à l’heure propice, le plonge dans le bain miraculeux ; il y est toujours devancé par un malade plus alerte. « Levez-vous, lui dit le Seigneur, prenez votre grabat, et marchez. » La formule est divinement opérative. Non seulement elle guérit dans le paralytique sa maladie, mais elle lui donne de la décision, elle supprime en lui l’effet d’une longue désuétude : il se lève aussitôt, prend son grabat, et marche.
Or, c’était un jour de sabbat ; et cette circonstance va donner un prétexte à l’hostilité des Juifs, c’est-à-dire des ennemis du Seigneur. Sur l’heure, pourtant, on ne sut pas quel était le vrai coupable. En voyant le paralytique passer, son grabat sur le dos, les pharisiens lui firent remarquer sa méprise : « C’est le sabbat, il ne vous est pas permis d’emporter votre couchette ! » En effet, il était interdit de porter ce jour-là aucun fardeau (Ier 17,21-22). Ce n’est pas l’unique circonstance où le Seigneur a essuyé les reproches des Juifs à l’occasion du sabbat. Mais il y a une différence considérable entre les autres cas et le cas présent : c’est que, partout ailleurs, le Seigneur ne prend autorité sur le sabbat que pour faire le bien, ce qui est de droit naturel ; tandis qu’ici, à Jérusalem, le Seigneur, non content de faire le bien un jour de sabbat, prescrit au paralytique guéri un acte considéré comme violation formelle de la Loi et dont il était possible de s’abstenir. Ailleurs, il interprète la Loi ; ici, il semble l’abroger. Rien n’obligeait le Seigneur, semble-t-il, à guérir le jour du sabbat un homme qui attendait depuis trente-huit ans, ni surtout à lui prescrire cette petite œuvre servile ; mais il avait son dessein.
« Celui qui m’a rendu la santé, répondit le paralytique, m’a dit : Prenez votre grabat et marchez. » Il n’a fait qu’obéir à celui qui a guéri un mal invétéré par sa parole souveraine, sans même songer qu’un tel homme pût être en désaccord avec la pensée de Dieu. Ainsi était porté au tribunal de la Synagogue un cas de conscience qui aurait dû l’éclairer : mais les cœurs où il y a de l’amertume enveniment tout ce qu’on y verse, même le miracle. Et voici que commence une enquête rapide, moins suivie, moins sévère que celle qui sera instituée dans la suite à propos de l’aveugle-né : « Quel est cet homme qui vous a dit : Prenez votre grabat et marchez ? » Il est à noter que la mention du miracle est passée sous silence : l’enquête ne retient que l’infraction. Or, le paralytique guéri ignorait le nom de son bienfaiteur. Car une fois le miracle accompli, le Seigneur s’était dissimulé, à la faveur de la foule qui entourait la piscine, et s’était dérobé même aux effusions de son client. Ils se rencontrèrent à quelque temps de là, peut-être dans la cour du temple. Fut-ce le miraculé qui dit son merci ? Fut-ce le Seigneur qui, après avoir guéri le corps et l’âme, mit néanmoins l’âme en garde contre le retour d’un péché qui avait amené le dur châtiment de trente-huit ans ? On ne saurait le dire. Mais l’avertissement est sévère : « Vous voilà guéri : ne péchez plus, de peur que quelque chose de pire ne vous arrive. »
Dans le dessein de se justifier de ce qu’il avait fait, sans doute aussi afin d’appeler l’attention des autorités sur un cas intéressant, l’homme s’en alla aviser les Juifs. Et ce fut un nouveau grief venant s’ajouter, en cette seconde Pâque, aux griefs antérieurs. Déjà, lors de la première, Jésus s’était montré comme Fils de Dieu et avait protesté contre les profanateurs de « la maison de son Père ». On lui avait demandé alors en vertu de quelle autorité il accomplissait ces actes d’expulsion : sans doute on lui demanda raison aussi de la violation du sabbat. Et la question des Juifs amena une seconde affirmation de son origine divine. « Oui, je travaille le jour du sabbat. Le sabbat ne consiste pas dans la cessation de toute œuvre bonne ; il consiste dans l’exclusion de tout ce qui pourrait entraver l’œuvre spirituelle que l’on doit accomplir ce jour-là, pour honorer le repos de Dieu. Mais le repos de Dieu n’est pas l’inaction. Je travaille le jour du sabbat, mais mon Père travaille aussi. Je ne suis pas plus le violateur du sabbat que ne l’est mon Père ; dans ce septième jour, qui est celui de son repos, il ne cesse pas de soutenir, par une création continuée et par des créations nouvelles, l’ordre qu’il a primitivement établi. » L’affirmation était beaucoup plus grave que celle de la première Pâque : non content d’appeler Dieu son Père, Jésus associait son œuvre à l’œuvre du Père et revendiquait le même droit souverain. De telles paroles, ou bien sont vraies, ou bien ne sont que des blasphèmes. Et les Juifs ne pouvaient s’y méprendre. Faire des miracles, le jour du sabbat, avec des prescriptions qui abrogeaient la Loi, se justifier en couvrant ses œuvres de l’autorité même de Dieu, c’était affirmer avec Dieu une relation intime, personnelle, de filiation. Aussi, dit l’évangéliste, les Juifs songeaient d’autant plus à le faire mourir que, non content de violer le sabbat, il appelait Dieu son Père et se faisait lui-même égal à Dieu.

Prières

Oraison

Soyez, Seigneur, propice à votre peuple ; vous lui inspirez la piété envers vous, que votre miséricorde le soutienne de son bienfaisant secours.

Oratio

Esto, Dómine, propítius plebi tuæ : et, quam tibi facis esse devótam, benígno réfove miserátus auxílio. Per Dóminum.

Oraison

Écoutez-nous, ô Dieu de miséricorde, et manifestez à nos âmes la lumière de votre grâce.

Oratio

Exáudi nos, miséricors Deus : et méntibus nostris grátiæ tuæ lumen osténde. Per Dóminum.

Prière de Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153)

Ô Jésus-Christ mon Seigneur, c’est en union avec les douleurs que vous avez souffertes pour nous délivrer de celles dont nous souffrions, et pour nous retirer de nos péchés ; c’est en union avec toutes les personnes qui ont une vraie douleur et un regret sincère de vous avoir offensé, et qui vous cherchent dans la vérité, que je vous confesse tous mes péchés, toutes les mauvaises actions que j’ai faites, et toutes les bonnes que j’ai omises, ou que je n’ai pas faites avec assez de pureté, ni avec assez d’attention ; ainsi, que cela vous est connu, vous, ô mon Dieu, qui savez parfaitement le nombre, le poids et la mesure de toutes choses, et qui avez compté les jours que j’ai perdus en vous offensant, en vous déshonorant, en me retirant de vous qui êtes mon souverain Bien, et en faisant tomber avec moi mon prochain par une même chute. Recevez donc, Seigneur, le reste des années de ma misérable vie ; et à l’égard de celles que j’ai perdues en vivant mal, ne méprisez pas, s’il vous plaît, un cœur contrit et humilié. Mes jours se sont écoulés, et se sont perdus inutilement pour moi. Je ne puis plus les rappeler ; mais agréez que je les repasse devant vous dans l’amertume de mon âme.

Seigneur, que l’abîme profond de mes misères attire l’abîme profond de vos miséricordes. N’en arrêtez pas le cours dans votre colère. Ne permettez pas que la source inépuisable de vos bontés tarisse pour moi à cause de mes péchés. Vous qui avez pitié de tous, qui ne haïssez rien de ce que vous avez fait, et qui dissimulez les péchés des hommes, afin qu’ils fassent pénitence. C’est à vous, Seigneur, à remettre les péchés. Ayez pitié de moi, parce que c’est pendant cette vie qui est un temps de grâce qu’on en peut obtenir le pardon ; et puisque vous me donnez encore le temps de me convertir ; rendez-moi digne de vos bénédictions de peur qu’au jour du Jugement vos malédictions ne tombent sur moi, et que je n’en sois accablé. Seigneur, faites, s’il vous plait, qu’en renonçant à mes mauvaises habitudes, je ne fasse que des actions qui vous plaisent ; que par le secours de votre grâce je m’applique dorénavant à faire votre volonté, autant que je me suis appliqué à vous offenser par mes péchés, afin qu’il y ait une surabondance de grâce où il y a une abondance de péché. Ainsi soit-il.

Antienne

Ã. Angelus Dómini descendébat de cælo, et movebátur aqua, et sanabátur unus.
Ã. L’Ange du Seigneur descendait du ciel et agitait l’eau, et un seul était guéri.

Antienne grégorienne “Angelus Domini descendebat”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Antienne Angelus Domini descendebat