Extrait du livre sur les écrivains ecclésiastiques
de Saint Jérôme (De viris illustribus, c. 8)

Marc, disciple et interprète de Pierre, appelé à Rome par ses frères, écrivit un court Évangile, d’après ce qu’il avait entendu rapporter par Pierre. Celui-ci en ayant écouté la lecture, l’approuva, et le donna, par son autorité, pour être lu dans l’Église. Prenant l’Évangile qu’il avait composé, Marc partit pour l’Égypte, et, le premier, annonça le Christ à Alexandrie, où il établit une Église. Telle était sa doctrine et la pureté de sa vie, qu’il amenait tous les Chrétiens à suivre son exemple.

Philon, l’un des Juifs les plus éloquents de son temps, voyant l’Église naissante d’Alexandrie encore judaïsante, écrivit, comme à l’éloge de sa nation, un livre sur la vie de ces premiers Chrétiens. Et, à l’imitation de saint Luc, qui rapporte que les fidèles de Jérusalem mettaient tout en commun, Philon, qui voyait cette coutume observée à Alexandrie, sous la conduite et selon les instructions de Marc, en a transmis le récit à la postérité. Le saint Évangéliste mourut la huitième année du règne de Néron (62), et fut enseveli à Alexandrie. Anianus lui succéda.

“Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups” (Lc 10, 3) : commentaire de Saint Ambroise

Jésus dit : « Voici que je vous envoie comme des agneaux parmi les loups ». Voilà des animaux ennemis, les uns dévorant les autres ; mais le bon Pasteur ne saurait redouter les loups pour son troupeau : alors ces disciples sont envoyés non pour être une proie, mais pour répandre la grâce ; car la sollicitude du bon Pasteur fait que les loups ne peuvent rien entreprendre contre les agneaux. Il envoie donc les agneaux parmi les loups, pour que se réalise cette parole : « Alors loups et agneaux seront ensemble au pâturage » (Is 65, 27).

Nous devons considérer ce que peuvent signifier les loups. Ce sont des fauves qui s’en prennent aux bergeries, rôdent près des cabanes des pâtres, n’osent pas entrer dans les lieux habités, guettent le sommeil des chiens, l’absence ou la négligence du berger, sautent à la gorge des brebis pour les étrangler net. Sauvages et rapaces, leur corps est raide par nature, si bien qu’ils ne peuvent facilement se retourner ; leur élan les emporte, aussi sont-ils souvent déjoués. De plus, s’ils sont les premiers à voir l’homme, on dit qu’ils ont par nature le pouvoir de lui ôter la voix (Cf. Virgile, Buc., IX, 54 : lupi Mœrim videre priores) ; si l’homme au contraire les voit le premier, on rapporte qu’il les met en fuite. Alors il me faut prendre garde : si dans le discours d’aujourd’hui la grâce des mystères célestes ne peut jeter son éclat, on va croire que les loups m’ont vu les premiers et m’ont enlevé la ressource habituelle de la parole.

Ne faut-il pas comparer à ces loups les hérétiques, qui guettent les brebis du Christ, qui grondent autour des parcs de nuit plutôt que de jour ? Car il fait toujours nuit pour les perfides qui, par les nuées d’une interprétation erronée, s’efforcent de voiler la lumière du Christ, et, autant qu’il est en eux, de l’obscurcir. Ils rôdent donc autour des parcs, mais n’osent entrer dans les caravansérails du Christ. Ils guettent l’absence du pasteur : aussi tâchent-ils de mettre à mort ou d’envoyer en exil les pasteurs des églises, parce que, les pasteurs présents, ils ne peuvent attaquer les brebis du Christ. Ces pillards essaient donc de ravager le troupeau du Seigneur ; et leur esprit dur et rigide tel un corps raidi ne se détourne jamais de leur égarement. C’est pourquoi l’Apôtre dit : «Après un avertissement, évitez l’hérétique » (Tit 3, 10), sachant que ce genre d’hommes est perdu.

Le Christ, véritable interprète de l’Écriture, déjoue ces loups, afin qu’ils dépensent leurs vains élans dans le vide et ne puissent nuire. S’ils devancent et circonviennent quelqu’un par leurs discussions astucieuses, ils le rendent muet : car c’est être muet que ne pas proclamer la gloire du Verbe de Dieu telle qu’il la possède. Prenez donc garde que l’hérétique ne vous ôte la parole si vous ne le découvrez le premier. Il se glisse, tant que sa mauvaise foi est cachée ; mais si vous reconnaissez les inventions de son impiété, vous ne sauriez craindre de perdre la parole pieuse. Prenez donc garde au venin de la discussion astucieuse : ils en veulent à l’âme, ils sautent à la gorge, ils s’accrochent aux parties vitales. Les morsures des hérétiques sont cruelles : plus cruels et plus rapaces que les fauves, leur avidité et leur impiété ne connaissent pas de limites. Et ne soyez pas surpris qu’ils semblent présenter une apparence humaine : extérieurement sans doute on voit un homme, au-dedans gronde la bête. Il n’est donc pas douteux que ce sont des loups, conformément à la parole divine du Seigneur Jésus, qui a dit : « Tenez-vous en garde contre les faux prophètes, qui viennent à vous sous des peaux de brebis, mais au-dedans sont des loups dévorants : vous les reconnaîtrez à leurs fruits » (Mt 7, 15 ssq.).

Les Litanies Majeures

(Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique)

Lève-toi, Seigneur, aide-nous et délivre-nous à cause, de ton nom.
L’Église romaine compte encore aujourd’hui quatre jours de prières : les grandes litanies, le 25 avril (procession de la Saint-Marc), et les petites litanies, les trois jours qui précèdent l’Ascension (les Rogations). Ce sont des jours que l’Église consacre à la prière ininterrompue, afin d’implorer la miséricorde de Dieu dans tous les besoins temporels et spirituels, et particulièrement pour obtenir sa bénédiction sur les fruits de la terre.

Dans l’ancienne Église, ces jours de prière étaient souvent prescrits. Tantôt, ils étaient réguliers et revenaient tous les ans ; tantôt, ils étaient extraordinaires et on les prescrivait pour des besoins particuliers, par exemple pour détourner la peste. Les grandes litanies remontent à l’époque qui précéda saint Grégoire 1er (vers 600). Ce Pape en fixe la date au 25 avril, jour qui, d’après la tradition, était celui où saint Pierre vint pour la première fois à Rome. Il institua l’église de Saint-Pierre comme église de station. La Rome païenne célébrait ce jour-là les robigalia, processions en l’honneur du dieu Rubigus, invoqué contre la rouille des blés. Les litanies se substituèrent à ces fêtes. La fête de saint Marc n’a aucune relation avec les grandes litanies ; elle ne fut assignée que plus tard au 25 avril. C’est pourquoi la procession a lieu le 25 avril, même quand la fête de saint Marc doit être transférée à un autre jour.

La cérémonie consiste dans la procession des litanies et l’office de station qui suit. Dans la procession, nous avons un dernier reste des processions de station que les chrétiens de jadis aimaient tant et qu’ils faisaient presque quotidiennement pendant le Carême et la semaine de Pâque. Ils se rassemblaient dans une église, dite église de réunion (ecclesia collecta ; c’est de là que vient le nom de l’oraison dite collecte). De là, ils se rendaient en procession avec l’évêque et le clergé dans une autre église ; en chemin, ils récitaient les litanies des saints avec le Kyrie eleison. La seconde église s’appelait église de station (statio). C’est là qu’on célébrait la sainte messe. Les quatre jours de litanies nous ont conservé cet usage vénérable qui doit nous être cher. En effet, nous ne devons pas seulement prier instamment, mais en communauté. À cette prière instante et commune le Christ a promis la force et le succès. À la procession, on chante les antiques litanies des saints dans lesquelles nous implorons pour tous nos besoins l’intercession de toute l’Église triomphante. Les oraisons terminales des litanies sont très belles et très édifiantes.

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Prières

Oraison

Ô Dieu, qui avez glorifié le bienheureux Marc, votre Évangéliste, en l’appelant à la dignité de prédicateur de l’Évangile, faites, nous vous en supplions, que nous profitions toujours de ses enseignements, et que, eu égard à ses prières, nous soyons défendus.

Oratio

Deus, qui beátum Marcum Evangelístam tuum evangélicæ prædicatiónis grátia sublimásti : tríbue, quæsumus ; eius nos semper et eruditióne profícere et oratióne deféndi. Per Dóminum.

Oraison

Faites, nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant : que, plein de confiance en votre bonté dans notre affliction ; nous soyons constamment fortifiés contre toutes les adversités.

Oratio

Præsta, quæsumus, omnípotens Deus : ut, qui in afflictióne nostra de tua pietáte confídimus ; contra advérsa ómnia, tua semper protectióne muniámur. Per Dóminum nostrum.

Antiennes

Ã. Sancti tui, Dómine, florébunt sicut lílium, allelúia : et sicut odor bálsami erunt ante te, allelúia.

Ã. Vos Saints, Seigneur, fleuriront comme le lis, alleluia : et ils seront en votre présence comme le parfum du baume, alleluia.

Antienne grégorienne “Sancti tui”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Ã. Sancti et iusti, in Dómino gaudéte, allelúia : vos elégit Deus in hereditátem sibi, allelúia.​

Ã. Saints et justes dans le Seigneur réjouissez-vous, alleluia : Dieu vous a choisis pour son héritage, alleluia.

Antienne grégorienne “Sancti et iusti”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Ã. In velaménto clamábunt Sancti tui, Dómine, allelúia, allelúia, allelúia.

Ã. À l’abri de votre ombre, les saints crieront, Seigneur : alleluia, alleluia, alleluia.​

Antienne grégorienne “In velamento”

par R. P. Joseph-Marie Mercier

Antienne Sancti tui ++