27 avril — Saint Pierre Canisius

Le mot de Saint Basile

La prudence doit être la directrice de toutes nos actions, puisque sans elle tout ce qui est bon par ailleurs devient un vice, quand on le fait à contre-temps et sans modération.

Saint Pierre Canisius, Confesseur et Docteur de l’Église (1521-1597) : Leçon historique du Bréviaire

Pierre Canisius naquit à Nimègue en Gueldre (Pays-Bas), l’année même où, en Allemagne, Luther rompait avec l’Église par une révolte ouverte, tandis qu’en Espagne, Ignace de Loyola abandonnait la milice terrestre et se consacrait à soutenir les combats du Seigneur : Dieu voulant sans doute annoncer par cette double coïncidence quels seraient dans la suite ses adversaires et sous quel chef il s’enrôlerait dans la sainte milice. À Cologne où l’avaient amené ses études, Pierre se lia à Dieu par le vœu de chasteté perpétuelle et s’enrôla, peu après, dans la Compagnie de Jésus. Revêtu du sacerdoce, il entreprit aussitôt, par ses missions, ses sermons et ses écrits, de défendre la foi catholique contre les attaques perfides des novateurs. Par deux fois il prit part au Concile de Trente où le désiraient vivement, à cause de sa rare sagesse et de son expérience des affaires, le Cardinal d’Augsbourg et les Pontifes Légats. De plus, sur l’autorité du Souverain Pontife Pie IV, il s’employa à en faire publier et appliquer comme il convenait les décrets en Allemagne. Envoyé par Paul IV au synode de Petrikan et chargé d’autres missions par Grégoire XIII, il y traita des plus graves affaires de la Religion avec un courage toujours ardent qu’aucune difficulté ne put abattre, et, à travers toutes les circonstances critiques de l’époque, les conduisit à une heureuse fin.

On peut à peine exprimer combien, durant plus de quarante ans, embrasé du feu de la divine charité que jadis, dans la basilique vaticane, il avait abondamment puisé au plus profond du Cœur de Jésus, et uniquement voué à l’augmentation de la gloire divine, le Bienheureux accomplit de travaux et endura de souffrances, soit pour préserver un grand nombre de villes et provinces d’Allemagne de la contagion de l’hérésie, soit pour les ramener à la foi lorsqu’elles s’en trouvaient infectées. Aux diètes de Ratisbonne et d’Augsbourg il sut animer les chefs de l’Empire à la défense des droits de l’Église et à la correction des mœurs populaires. En celle de Worms il réduisit au silence l’orgueil et l’impiété des magistrats de cette ville. Préposé par saint Ignace à la Province d’Allemagne il fonda en beaucoup de lieux des résidences et des collèges de la Compagnie, il apporta tous ses soins à promouvoir et développer le Collège germanique fondé à Rome; il remit en honneur dans les académies l’étude des sciences sacrées et des humanités regrettablement négligées. Il écrivit deux livres admirables contre les Centuriateurs de Magdebourg, enfin il composa une somme de doctrine chrétienne universellement et hautement approuvée tant par le jugement des théologiens que par l’usage public de trois siècles, et publia en langue vulgaire pour l’instruction du peuple de nombreux et très utiles ouvrages. Tant de services valurent au Saint le nom de marteau des hérétiques et de nouvel apôtre de la Germanie, et le firent à juste titre regarder comme suscité par Dieu pour être le défenseur de la religion en Allemagne.

Au milieu de tant de travaux, Pierre Canisius entretenait avec Dieu une union habituelle par de fréquentes prières, et la méditation assidue des choses surnaturelles, souvent inondé de larmes et parfois ravi en extase. Tenu en grande estime par les personnages les plus importants ou les plus renommés pour leur piété, grandement honoré par quatre Souverains Pontifes, il avait de si bas sentiments de lui-même qu’il se disait et se croyait le dernier de tous. Il refusa à trois reprises l’évêché de Vienne. D’une obéissance admirable envers ses supérieurs, on le voyait prêt, au moindre signe de leur part, à tout abandonner ou entreprendre, même au péril de sa santé et de sa vie. Les rigueurs volontaires qu’il exerçait contre lui-même furent sans cesse les protectrices de sa chasteté. Enfin le Saint, âgé de soixante dix-sept ans et se trouvant à Fribourg en Suisse où il avait passé les dernières années de sa vie à s’épuiser pour la gloire divine et le salut des âmes, s’en alla vers Dieu le 21 décembre 1597. Le Pape Pie IX a élevé aux honneurs de la béatification ce vaillant champion de la vérité catholique ; et, de nouveaux miracles l’ayant rendu illustre, le Souverain Pontife Pie XI, en l’année jubilaire, l’inscrivit au nombre des Saints en même temps qu’il le déclarait Docteur de l’Église universelle.

Extraits du Grand Catéchisme de Saint Pierre Canisius

Quelle est l’utilité du Signe de la Croix?

Cette pratique usitée constamment dans l’Église parmi tous les pieux fidèles, à partir même de l’origine du christianisme, se recommande fortement par cela seul à notre respect et à notre piété.

Et d’abord elle sert à réveiller en nous le sentiment de la reconnaissance pour le mystère qui s’est accompli en notre faveur sur la croix, et pour toutes les grâces dont ce mystère a été pour nous la source.

Elle nous excite en second lieu à mettre dans la croix du Sauveur toute notre gloire, comme toute l’espérance de notre salut. Elle est de plus, de notre part, une protestation continuelle que nous n’avons rien de commun avec les juifs ni avec les gentils, qui les uns et les autres sont ennemis de la croix de Jésus-Christ, et qu’en dépit de leurs mépris comme de leur haine, nous ne voulons pas avoir d’autre maître que Jésus, et Jésus crucifié.

Ce signe nous sert encore d’exhortation à la pratique de la patience, en nous offrant la perspective de la gloire éternelle à laquelle nous devons aspirer, et il nous est un avertissement muet d’embrasser sans répugnance la croix et les saintes voies de la croix, sous la conduite de Jésus-Christ notre divin chef.

Il nous fournit en même temps des armes victorieuses contre Satan, dont l’empire a été renversé par la vertu de la croix, et il nous rend forts en général contre tous les ennemis de notre salut.

Enfin nous prenons en main, pour ainsi parler, cet illustre trophée de la croix, pour commencer plus heureusement nos entreprises et les poursuivre avec plus de succès, assurés que nous sommes de vaincre par ce signe, et c’est pour tous ces motifs que nous répétons si fréquemment :

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

Comment peut se résumer l’oraison dominicale (le Notre Père) ?

C’est une formule parfaite de prière, non seulement pour obtenir les biens qu’on espère, mais aussi pour détourner les maux que l’on craint.

Parmi les biens, le premier à demander, c’est que notre Père céleste soit glorifié partout et toujours par chacune de ses créatures ; le second, c’est que nous entrions nous-mêmes en participation de son royaume ; le troisième, c’est que nous ne manquions d’aucun des moyens nécessaires pour parvenir au royaume de Dieu. Or, ces moyens se réduisent, par rapport à l’âme, à nous conformer à la volonté de Dieu, et par rapport au corps, à avoir les choses indispensables à la vie.

Ce qui vient ensuite jusqu’à la fin de la prière entière, exprime le désir d’obtenir de la grâce et du secours de Dieu, ou qu’il éloigne de nous les maux, tels que sont les péchés, qui corrompraient tout le bien qu’il peut y avoir en nous, et amèneraient tous les autres maux à leur suite, ou du moins qu’il les tempère de manière à ce que leur violence ne soit pas un obstacle à notre salut. De ce dernier genre sont les tentations de toute espèce auxquelles nous sommes exposés ici-bas, et les diverses afflictions, tant de la vie présente que de la vie future.

Que renferme la troisième demande du Notre Père, “Que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel” ?

Nous demandons la grâce d’obéir à Dieu sur la terre, malgré la faiblesse et les imperfections de notre nature , aussi parfaitement que les anges et tous les bienheureux le font dans le ciel, n’ayant rien plus à cœur que de nous conformer à la volonté divine dans l’adversité comme dans la prospérité, et de nous en remettre absolument à elle, en faisant volontiers le sacrifice de la nôtre, qui est malheureusement trop portée au mal.

Quelle est l’utilité de la récitation du “Je vous salue, Marie” ?

Ces belles paroles servent en premier lieu à nous rappeler l’immense bienfait de notre rédemption, dont nous sommes redevables à Jésus-Christ, et auquel le Père éternel a préludé en voulant se servir de l’entremise de Marie.

Elles ont ensuite pour objet de recommander plus particulièrement à notre dévotion cette sainte et admirable Vierge, dans la personne de qui Dieu veut que nous honorions l’inventrice de la grâce et la mère de la vie.

Il est donc naturel, qu’après avoir exposé à Dieu nos pieux désirs dans l’oraison dominicale, reconnaissants de la grâce conférée aux hommes par Jésus-Christ, nous adressions nos louanges non seulement à la Mère de ce Dieu Sauveur, mais encore à Dieu le Père à l’occasion de cette Vierge incomparable, et que nous ne nous lassions point de répéter d’un cœur joyeux, de concert avec les anges, cette salutation respectueuse :

Je vous salue, Marie, pleine de grâce, etc.

Prières

Prière de Nicolas van Hesche (1507-1578), Chartreux, maître de Saint Pierre Canisius

Ô très doux seigneur Jésus-Christ, je vous en prie, par l’ardent amour de votre cœur divin, par votre cœur humain transpercé et par ses angoisses, imprimez mon cœur dans votre cœur transpercé, et remplissez-le de la charité parfaite qui déracine en moi tout amour personnel envers moi-même et les créatures. Que la flèche de votre amour ardent me blesse et m’enflamme, de sorte que je puisse vous aimer parfaitement, de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit et de toutes mes forces, purement pour votre bonté, sans vue aucune de retour. Puissé-je, par amour pour vous, beaucoup quitter, beaucoup agir et souffrir, sans jamais me relâcher ! Puissé-je, par mes désirs brûlants et sans bornes, par mes prières pour obtenir le parfait renoncement à moi-même et l’union amoureuse avec vous, aspirer sans cesse vers vous, crier, frapper à la porte. Puissé-je penser à vous, parler de vous, avoir faim et soif de vous, vous chercher et vous trouver, jusqu’à ce que, tout transformé en vous, je devienne un seul esprit avec vous, moi demeurant toujours en vous et vous en moi ! Donnez-moi aussi d’aimer du même amour mon prochain en vous et pour vous, comme moi-même ! Ainsi soit-il.

Prière après le travail, par Saint Pierre Canisius

Louange et gloire à vous, Dieu éternel, de ce que j’ai pu, par votre grâce, mener à bonne fin ce travail. Faites qu’il remplisse cette double condition de vous être agréable, ô mon Dieu, et de m’être salutaire. Ainsi soit-il.

Oratio

Deus, qui ad tuéndam cathólicam fidem beátum Petrum Confessórem tuum virtúte et doctrína roborásti : concéde propítius ; ut eius exémplis et mónitis errántes ad salútem resipíscant, et fidéles in veritátis confessióne persevérent. Per Dóminum.

Oraison

Ô Dieu qui, pour la défense de la foi catholique, avez armé de force et de science le Bienheureux Pierre, votre Confesseur, daignez faire que ses exemples et ses avis ramènent les égarés dans la voie du salut et maintiennent les fidèles dans la confession de la vérité.

Antiennes

Ã. O doctor optime, Ecclesiæ sanctæ lumen, beate Petre, divinæ legis amator, deprecare pro nobis Filium Dei.

Ã. Ô Docteur excellent ! lumière de la sainte Église, bienheureux Pierre, amateur de la loi divine, priez pour nous le Fils de Dieu.

Antienne grégorienne “O doctor”

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